Derrière ce titre aussi racoleur que provocateur se cache une histoire terrible, certes, mais aussi une histoire de justice et de vengeance. Tina et sa fille Bethel échappent de peu à la mort, mais pas à la suspicion, car si les blessures de Tina ne laissent aucun doute sur ce qui leur est arrivé, certains se demandent toutefois si Tina, la mère indigne, ne l’a pas cherché. Le point de départ du récit est on ne peut plus cruel et insupportable. L’injustice est à son comble. La victime devient coupable. Oates ne nous épargne aucun détail, les faits sont crus, les mots aussi. Mais comme à son habitude, elle n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour marquer le lecteur. Au-delà du drame humain se noue une histoire d’amour peu conventionnelle, subtilement évoquée, traduite par des actions qui en disent long, et non par une intrigue classique. Le roman se rapproche de la novella par sa brièveté, et l’on pourra regretter une rapidité qui nous fait passer à côté de bien des développements, mais Oates en a décidé ainsi, sans doute pour ne pas sombrer dans un mélo trop larmoyant. On reste digne, on ne dit rien, on agit, et on en devine en filigrane une histoire d’amour tout en retenue.