Monsieur le vicomte, qui a subi des revers de fortune, a l'idée de transformer le parc de son château en un zoo où les animaux, qu'il fait venir des contrées les plus reculées, vivront en semi-liberté, dans leur cage le jour, en liberté la nuit. Le succès répond à son attente mais, quand le soir venu les bêtes envahissent le château, elles causent un désordre auquel sa belle-mère entend remédier : elles s'habilleront et se plieront aux bonnes manières. Dès lors, une étrange mutation advient. De l'usage de la fourchette à l'obtention des Palmes académiques en passant par la pratique du vélocipède, le mimétisme et l'apprentissage sont le prélude à un grand trouble. C'est, à l'heure des visites, l'exhibition, nus, dans leur cage, contre laquelle, désormais, les animaux regimbent. Alors on leur confectionnera des masques pour « préserver leur anonymat et épargner leur pudeur » et le zoo semblera désormais abriter des espèces jusque-là inconnues dans le règne animal. Un album-souvenir réunit les photographies qui attestent de ces métamorphoses. Dans la lumière d'un clair-obscur, les illustrations pleine page, pseudo-réalistes, aux tons sépia, créent un monde d'une inquiétante étrangeté et, au bas des pages, court le texte, au ton policé, dont l'ironie pince-sans-rire révèle un maître du canular poétique. Source: BNF